Pourquoi j'écris mon livre à la main
Bonjour à toute la famille MsBrowns, et bienvenue dans la section « Tout sur les livres » du site !
Ici NotesOnDawn, pour un point sur mon défi d'écriture de 70 jours, un projet ambitieux, voire un peu angoissant. Comme je l'ai mentionné dans mon premier article, l'objectif est de donner enfin une forme plus aboutie à ce recueil de nouvelles qui cohabite dans ma tête et se déploie dans divers documents épars depuis 2022.
Le billet d'aujourd'hui vous est présenté du jour 69/70.
Avant de me féliciter d'avoir presque terminé, je tiens à préciser ! Il s'agit d'un compte à rebours . Je suis au deuxième jour de mon défi de 70 jours. Hier, c'était le 70e jour, le grand départ. Aujourd'hui, le 69e jour, on prend ses marques. L'ambiance de ce défi est plutôt douce, avec ses bougies, ses feuilles d'automne et une concentration tranquille (d'où le 🕯️🍂 sur ma publication Instagram). C'est moins une course effrénée qu'une marche consciente et réfléchie.
Et « conscient » est le mot juste pour ce dont je veux parler aujourd'hui. Car cet article ne porte ni sur le nombre de mots ni sur la correction des incohérences de l'intrigue. Il s'agit de l' outil que j'utilise pour mener ce projet à terme.
Ce n'est pas un nouvel ordinateur portable. Ce n'est pas un logiciel sophistiqué. C'est un stylo. Et un carnet.
Voilà. Depuis deux ans, je reviens peu à peu, presque instinctivement, à l'écriture manuscrite. Et je dois vous dire que la différence que cela apporte au développement à long terme d'une histoire, à sa texture et à sa profondeur, est remarquable .
La qualité est tout simplement… meilleure. Ça me ressemble davantage. Et au cours de ces 70 jours, j'ai réalisé que ma façon d'écrire est tout aussi importante que ce que j'écris.
La tyrannie du curseur clignotant
Pendant des années, j'ai été dactylo. Comme la plupart d'entre nous, j'ai été formée pour ça. Des dissertations universitaires à mon travail de bureau, toute ma vie se déroule sur un clavier. C'est rapide, efficace et propre, et on peut effacer ses erreurs sans que personne ne s'en aperçoive.
Lorsque j'ai commencé à écrire de manière créative, j'ai naturellement transposé cette même énergie sur mon ordinateur portable. J'ouvrais un nouveau document Word, tapais « CHAPITRE 1 », puis je restais planté là, terrifié, devant l'immense écran blanc et le curseur impatient qui clignotait.
L'ordinateur portable, j'ai appris, est un environnement de forte pression. Il exige de l'ordre. Il exige du progrès. Il exige que la scène 1 soit suivie de la scène 2. Mon cerveau, en revanche, ne fonctionne pas ainsi.
L'ordinateur portable encourage ce que j'essaie d'éviter : le « déballage de mots ». La vitesse de frappe étant telle, il est facile de tout déverser sans réfléchir. Mes élans créatifs sont très visibles et, comme je l'ai remarqué sur Instagram, incroyablement choquants . L'écran est un espace public, professionnel. Même un document privé semble devoir être impeccable. Et lorsque mon écriture est encore brouillonne, à l'état d'ébauche, la voir mise en page dans une police soignée de taille 12 me paraît… déplacée. C'est déconcertant de voir une phrase à moitié formée et affreuse paraître si « officielle ». Cela invite mon correcteur intérieur à la fête bien trop tôt, et ce correcteur est un critique impitoyable qui met fin à tout.
La liberté de la page non linéaire
Mon processus créatif est, pour le moins, chaotique. J'écris de façon totalement non chronologique. Pour mon recueil de nouvelles, il m'arrive d'avoir une image très nette de la scène finale, du point culminant émotionnel, avant même de connaître le nom du personnage principal. Il m'arrive aussi d'avoir une simple réplique qui me paraît importante, sans savoir qui la prononce ni pourquoi.
Sur un ordinateur portable, ce processus est un véritable cauchemar. Je me retrouve avec un document contenant « SCÈNE D'OUVERTURE » (vide), « PARTIE INTERMÉDIAIRE ??? » (vide), puis une « FIN » entièrement rédigée. Le résultat est catastrophique. J'ai l'impression d'avoir échoué. La tentation de « réparer » le tout, de forcer l'histoire à adopter une structure linéaire pour laquelle elle n'est pas encore prête, est irrésistible.
Mais dans un cahier ? C'est tout à fait naturel.
Un carnet est un espace privé, non linéaire, en trois dimensions. Il m'appartient . Je peux ouvrir une page au hasard et commencer à écrire. Sur une page, je peux écrire la fin de « L'Histoire A ». Sur la page suivante , je peux griffonner une esquisse de personnage pour « L'Histoire B ». Il n'y a aucune obligation de les relier. Aucun curseur clignotant ne juge ma lenteur.
Ce processus m'offre une bien plus grande liberté. Je n'écris pas simplement une histoire ; je la façonne , je l'appréhende. Je peux passer d'une histoire à l'autre, en suivant le fil de l'énergie créative où qu'elle aille, plutôt que de la contraindre à un chemin prédéfini. Le carnet me permet de saisir l' essence de l'histoire, son atmosphère et son cœur émotionnel, sans me soucier de la structure.
La magie de « Oh, c'est là que j'allais ! »
L'un des aspects les plus réjouissants de ce processus analogique, que j'ai évoqué dans mon article, est l'élément de redécouverte.
Un carnet est une capsule temporelle. Il n'a pas de fonction « Rechercher ». Impossible d'appuyer sur « Ctrl+F » pour retrouver cette idée d'il y a trois mois. Il faut feuilleter les pages. Et ce faisant, on retombe sur d'anciennes notes, d'anciennes versions de soi-même.
C'est hilarant, et souvent instructif. Je feuillette le carnet à la recherche d'une page blanche, et mon regard est attiré par une entrée frénétique datant de février dernier, concernant une histoire que je n'ai pas relue depuis longtemps. Je la relis et je me dis : « Oh ! J'étais en train de l'orienter dans cette direction ? »
Parfois, c'est une idée vraiment géniale que j'avais complètement oubliée. Parfois, c'est une idée catastrophique, et je suis content de l'avoir laissée de côté. Mais dans tous les cas, le carnet devient un collaborateur, un témoignage de mes propres pensées. C'est comme trouver un message dans une bouteille, envoyé par mon moi passé. C'est une magie qu'on ne retrouve pas dans un système de classement bien organisé.
Pourquoi cette méthode analogique fonctionne réellement :
Puisque nous sommes MsBrowns et que nous nous intéressons aux livres (et à leur écriture !), je voulais comprendre pourquoi cette approche me semble si différente. D'après mon expérience, c'est une meilleure façon d'écrire. Mais qu'en disent les experts ? J'ai fait quelques recherches, et il s'avère que cette intuition est étayée par les sciences cognitives.
1. Cela ralentit le cerveau (de façon positive) . Taper au clavier est rapide. Pour la plupart d'entre nous, c'est aussi rapide, voire plus rapide, que notre pensée. Cela favorise une écriture spontanée, un style de « transcription » (un véritable flot de paroles !).
L'écriture manuscrite est délibérément et magnifiquement lente .
L'acte physique de former chaque lettre, la compétence « graphomotrice », déclenche un processus cognitif différent et plus profond. Ma main est plus lente que mon cerveau, ce qui donne à mes pensées le temps de se former pleinement avant de les coucher sur le papier. Cette « friction » (le stylo qui accroche sur le papier) est un atout, pas un défaut. Elle m'oblige à traiter l'information, à choisir mes mots avec plus de soin. Comme l'ont constaté des chercheurs de Princeton et de l'UCLA, les étudiants qui prennent des notes à la main mémorisent et comprennent mieux les concepts que ceux qui tapent. Ils ne se contentent pas de retranscrire ; ils traitent l'information . C'est cette « qualité distinctive » dont je parlais.
2. Cela active une autre partie du cerveau. Écrire à la main stimule le cerveau d'une manière que la frappe au clavier ne permet pas. La combinaison de la motricité fine, des sensations (le contact du papier, la vue de l'encre) et de la mobilisation de la mémoire constitue un véritable exercice cérébral. Des études montrent que cela améliore la connectivité cérébrale.
Pour moi, cela se traduit par une immersion plus profonde dans l'histoire. L'acte est tactile, physique. Je crée quelque chose de mes mains, je ne me contente pas de saisir des données. Cela me relie à mes objectifs de #slowliving. Dans un monde numérique instantané, l'acte analogique d'écrire est une petite rébellion. Il m'ancre dans le présent, rendant l'écriture « paisible et familière », comme je l'ai décrit pour mon vendredi matin.
3. Il favorise la pensée non linéaire et créative. C'est le point essentiel pour moi. Un document Word est un « défilement ». Il est linéaire par nature. Un carnet est un « espace ».
Je peux dessiner des flèches. Je peux gribouiller dans les marges. Je peux retourner le livre et écrire une note. Je peux coller une image qui m'inspire une scène. C'est ainsi que fonctionnent les cerveaux, surtout les créatifs : non pas de façon linéaire, mais en un réseau de connexions. La page blanche est un terrain de jeu, pas une prison. Elle me permet d'être spontanée, d'explorer et de laisser les idées se connecter naturellement.
Deuxième jour : Quelques scènes essentielles
Revenons-en au défi. Ce matin, au 69e/70e jour, j'ai eu une séance matinale du vendredi vraiment « paisible et familière ».
Aucun écran ne me bloquait l'accès à la lumière bleue. Aucune notification ne venait perturber ma concentration. Juste moi, mon carnet, une tasse de thé et le calme du matin.
N'ayant aucune pression pour « tout écrire », j'ai pu me plonger pleinement dans l'univers que je construisais. Je ne me souciais ni de l'ordre des chapitres ni du nombre de mots. J'écrivais, tout simplement. Et j'ai réussi à coucher sur le papier quelques scènes essentielles. Les scènes importantes . Celles qui portent le poids émotionnel de l'histoire.
Elles sont brouillonnes. Elles sont dans le désordre. Elles sont écrites de ma piètre écriture.
Et ils sont honnêtes .
Voilà l'écriture « mesurée et sincère » dont j'avais tant besoin. C'est le seul moyen pour moi de concilier la vie créative que je souhaite et ma vie professionnelle . Ce défi de 70 jours ne se résume pas à l'échéance de 2025 ; il s'agit de construire un processus durable, bienveillant et authentique que je pourrai conserver bien après la fin de ces 70 jours.
Alors, j'aimerais savoir, chers membres de la merveilleuse communauté MsBrowns, comment écrivez-vous ? Êtes-vous une dactylo assidue ou avez-vous, comme moi, retrouvé le plaisir d'écrire à la main ? Dites-le-moi dans les commentaires !
À la prochaine, NotesOnDawn